How to make production sectors evolve in countries where the human rights are not respected?

2 nights earlier, two documentaries have drawn my attention. Both were connected to a major theme of our time, social consequences of delocalised production, with Bangladesh as an example, as the new Eldorado of prices.

How could we have the human rights respected at every stage of the production? Is european money and influence the only solution and the right one to push industries over there to evolve?

… English translation comming soon

Avant-hier soir sur Arte, deux documentaires ont attirés mon attention. Tout deux sont liés par une thématique importante aujourd’hui, les conséquences sociales de la production délocalisée, avec en exemple le Bangladesh, nouvel eldorado des bas prix.

Comment faire appliquer aujourd’hui les droits de l’homme à toutes les étapes de la production ? Est-ce que l’influence et la pression du porte-monnaie européen est la bonne et la seule carotte nécessaire à faire évoluer les entreprises là-bas ?

En effet, sur place on constate toujours que la plupart des locaux sont vétustes, menacent de s’effondrer, n’ont pas de sortie de sécurité. 600 incendies mortels pour des employés piégés dans leurs usines sont survenus l’année dernière. Le taux de chômage avoisinant les 40%, les usines textiles n’ont aucun mal à faire accepter ces conditions inhumaines, des salaires très bas (le Bangladesh n’a pas de salaire minimum).

A Hazaribagh dans la banlieue de Dhaka, on produit le cuir le moins cher du monde. Pour vous donner une idée générale, c’est le cuir d’une bottine à 30 euros. Les conditions pour obtenir un si bas prix sont déplorables et complexes.

En bref, la toxicité de cette industrie a fait baisser l’espérance de vie à 50 ans, et le taux de mortalité est 300 fois plus élevé que dans le reste du pays. Les jeunes employés  manipulent les produits hautement toxiques sans aucune formation. Mais attention, ils ont des gants pour se protéger ! Ah oui, mais mince, pas de chaussures…. Les ouvriers pataugent pied nus dans plusieurs bains sortant des tambours.

Tous ces bains rejoignent par des rigoles l’eau des canaux et donc du principal fleuve de Dhaka sans aucun traitement dépolluant. Selon un gérant de tannerie «ce système d’évacuation existe depuis longtemps, l’eau se déverse naturellement dans la rivière». Je dirai donc qu’il ne faut pas que des moyens financiers pour faire changer les choses, il y a même un plus gros travail à mener sur le terrain des idées, c’est le travail sur place du Bangladesh Center for Worker Solidarity (BCWS) et des syndicats.

Sharmin, employée d'une tannerie et sa petite fille de 3 ans dans le fleuve. © Soumen Guha Sontu & Dipak Chandra Sutradhar/WA Productions

Sharmin, employée d’une tannerie et sa petite fille de 3 ans dans le fleuve. © Soumen Guha Sontu & Dipak Chandra Sutradhar/WA Productions

Des eaux ultra toxiques se déversent depuis plus de 10 ans dans le fleuve alors qu’il est l’unique source d’eau pour se laver, laver les bébés et les aliments pour une grande partie du bidonville. Evidemment aujourd’hui, plus aucun organisme vivant ne peut vivre dans le fleuve. Les pêcheurs sont sans revenus depuis plus de 7 mois (sous-entendu qu’ils continuaient jusque là à ingérer et à vendre le produit de leur pêche…), et vont donc chercher du travail dans les tanneries.

Le cercle vicieux est en place.

Evidemment ces problèmes semblent connus en Europe, mais le plus difficile à entendre aujourd’hui, c’est l’immobilisme des choses, malgré ce grand sursaut de l’opinion publique dans les medias, malgré les contributions financières des entreprises européennespour dédommager les victimes et réhabiliter des usines. Au contraire, ces participations financières n’ont presque pour effet que de les désengager.

Les sous–traitants sur place bloquent aussi les rénovations et l’évolution des conditions de travail pour plusieurs raisons. Evidemment le manque de trésorerie, si plus aucun acteur de l’industrie ne les soutiennent avec des commandes régulières. Mais aussi l’importance des investissements qui leur ferait perdre une part de leurs bénéfices… Le gouvernement du Bangladesh souhaitant dynamiser son pays par l’industrialisation se range du côté des industries textiles et matent les revendications des travailleurs pour des salaires plus équitables, un salaire minimum, le paiement des heures supplémentaires,…

Schéma de scénarios pour développer une industrie sociale au Bangladesh

Schéma de scénarios pour développer une industrie sociale au Bangladesh

En France, hier, le 21 octobre 2015, une nouvelle proposition de loi est passée au Sénat en première lecture après avoir été votée par l’assemblée fin mars 2015. Le texte sera révisé par le Sénat en séance le 18 novembre prochain. Cette proposition de loi est relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre, et serait la première législation au monde sur ce sujet. Elle rendrait les entreprises responsables du maintien des droits de l’homme devant la justice à toutes les étapes de la chaine de production. Evidemment de grands moyens devront être mis en œuvre pour créer ce nouveau type d’encadrement et de supervision privé, mais l’impact pourrait être très important sur les conditions de travail dans les pays avec lesquels nous échangeons le plus. Beaucoup de questions se posent sur l’équilibre et la portée de cette loi, et elles seront rediscutées au Sénat.

Pour voir le compte-rendu de la première séance : Devoir de vigilance des sociétés mères

Bien sûr le caractère délictuel des infractions semble être accablant pour une responsabilité « si nouvelle ». Mais il semble nécessaire d’en faire une loi quand on voit l’exemple allemand de l’Alliance Textile, qui établit un accord et un engagement inter-sociétés (privées et civile) pour faire appliquer des conditions de travail décentes à l’étranger.Malheureusement, les termes et les conditions de cette Alliance se discutent entre les acteurs majeurs de cette économie qui préservent donc naturellement leurs bénéfices et réduisent leur responsabilité. Ce serait plutôt un rempart face à l’opinion publique qu’une grande avancée en matière des droits de l’homme.

Pour choisir, comment faire ? Pour savoir, comment faire ? Pour changer, comment faire ?

Vous pouvez tout d’abord suivre l’association SHERPA, apparue dans le documentaire, etsigner une pétition (disponible sur leur site) qui appuierait le vote de la loi au Sénat, et forcerait la main aux grands groupes pour changer.

Pétition SHERPA

Et en attendant cette révolution, il existe quelques entreprises qui font de la traçabilité et de l’éthique leur motto.

1083 - Jeans et chaussures made in France

1083 – Jeans et chaussures made in France

Vous pouvez trouver des jeans et des baskets de qualité entièrement faits en Francechez 1083. Le fondateur Thomas HURIEZ explique clairement d’où viennent toutes les matières, où et chez qui sont faites les étapes de la production. Vous pouvez suivre le chemin, le voyage de votre produit. Qui ne fera jamais plus de 1083 kilomètres (la plus grande diagonale en France)

La Botte Gardiane - chaussures en cuir français

La Botte Gardiane – chaussures en cuir français

Chez La Botte Gardiane pour vous pouvez trouver des chaussures haut de gamme au prix de jeunes marques parisiennes, qui elles font travailler en Inde, au Bangladesh et en Chine. Cette entreprise familiale remet à la mode le made in France dans des usines du sud de la France, avec du cuir de l’Aveyron, des semelles françaises ou italiennes.

Le made in France ou Europe, à condition qu’il soit total et transparent, nous offre des valeurs claires et que nous savons respectées.

Boerum Apparel - Sweat et T-shirts en coton et en laine merinos

Sinon, aux Etats-Unis, où le travail de traçabilité a depuis longtemps été fait dans le secteur de la nourriture, les jeunes créateurs mettent en place de nouveaux contrôles d’approvisionnements. C’est le cas de Ted Lidow,fondateur de Boerum Apparel qui part de ce constat :

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Boerum Apparel – Sweat et T-shirts en coton et en laine merinos

 « Si vous allez dans n’importe quel magasin de vêtement ou si vous parlez au directeur de n’importe quelle marque, il y a des chances pour qu’ils n’aient pas cette information (des provenances autres que la fabrication, ndlr). Ce n’est pas qu’ils retiennent l’information, c’est qu’elle n’est pas même pas collectée dans l’industrie de l’habillement. »

Il a voulu créer une chaine de production entièrement nouvelle, entièrement vérifiée, même s’il fallait aller jusqu’en nouvelle Zélande pour avoir de la laine de qualité. Il lui a fallu 8 mois pour connaitre et contrôler en personne chaque étape de la fibre à l’emballage du vêtement.

Les informations sont écrites clairement sur l’étiquette, comme une carte d’identité du produit.

Le tissu a été tricoté ici,

le coton a poussé ici,

et le vêtement a été cousu là.

 Et pour éveiller les consciences et toucher les sensibilités sans crier l’alerte il pense que :

” c’est vraiment la clé car vous n’allez pas culpabiliser les gens pour qu’ils prennent de meilleures décisions environnementales, ou concernant le bien-être animal, sur les produits qu’ils portent – ce n’est pas une vision productive – mais si vous ouvrez les yeux des gens pour qu’il soient passionnés par l’origine des choses, réalisant qu’il y a de la valeur à connaitre les histoires derrière les choses qu’on achète, qu’on porte, cela transforme le processus en une expérience positive.”

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À Bientôt!

Coline

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