Brother Vellies, des chaussures de Brooklyn qui me font parler de l’Afrique, d’océans et de meubles

Brother Vellies by Aurora James

Brother Vellies

Aurora James et sa marque de chaussures Brother Vellies ont remporté ex-aequo avec deux autres finalistes le prix du concours CFDA/Vogue Fashion Fund.

Aurora James in her home photographed by The Selby

Aurora James in her home photographed by The Selby

 

Brother Vellies est une marque de chaussures qui a pour but créer de l’emploi en Afrique et de faire partager la culture de la créatrice, comme les fameuse Vellies, ancêtre de la Desert boot.

 

Brother-Vellies- a Vellie, the Desert boot ancester

Brother-Vellies- a Vellie, the Desert boot ancester

 

Quasiment tout est fait en Afrique en suivant une démarche très complète de durabilité. En plus de la dynamisation des pays où elle fait fabriquer, Aurora James s’est donné pour but de réduire l’empreinte écologique de ses produits.

 

 

Les matières employées, excepté le cuir, sont majoritairement d’origine recyclée. Le laiton des pièces métalliques vient d’éléments de récupération fondus, le denim vient de surplus, de déchets de l’industrie de l’habillement, les semelles des sandales sont faites à partir de pneus recyclés. Le recyclage des matériaux est fait sur place, proche des ateliers et sensibilise la population africaine à l’importance du cycle fermé.

Est-ce que les pays d’Afrique pourront éviter les erreurs occidentales? Grâce à des projets du même genre comme Hors Pistes en France, les populations locales apprennent ensemble, partagent et intègrent ensuite ces pratiques à l’activité des villes (toiture en semelles de tongs, recyclage de pneus, mise en valeur de l’artisanat).

Hors Pistes - projet de Christophe Machet et Maurice Nagalo Yewol - de toiture en semelle de tongs

Hors Pistes – projet de Christophe Machet et Maurice Nagalo Yewol – de toiture en semelle de tongs

Et si l’utilisation de matières recyclées réparait même les problèmes? C’est le cas du projet d’Adidas avec l’association Parley for the Oceans, qui nettoie une partie des déchets plastiques de l’océan et poursuit la pêche illégale. Le plastique récupéré est fondu pour le filer ou le couler en semelle et ainsi créer une basket entièrement sortie des eaux!

Adidas X Parley for the Oceans - chaussure composée de filets récupérés en mer

Adidas X Parley for the Oceans – chaussure composée de filets récupérés en mer

 

Passons maintenant à l’aval de la chaussure. Chez Brother Vellies on milite pour des chaussures qui durent plus longtemps, qu’on peut ressemeler au lieu de jeter. Aujourd’hui trop de chaussures sont jetées dans le monde (environ 350 millions de chaussures sont jetées chaque année aux États-Unis) et la plupart d’entre elles sont en « vegan leather » ou faux-cuir, c’est-à-dire clairement plastique, allons jusque là. Brother Vellies décide donc de travailler le cuir de qualité, uniquement lié à l’industrie de la viande et surveille de près les fermiers et les artisans.

Mickalene Thomas X Brother Vellies Stripes Shoe

Mickalene Thomas X Brother Vellies Stripes Shoe

 

On pourrait maintenant pointer du doigt le désastre écologique de l’élevage animal, et bovin en particulier, mais ce serait le sujet d’un autre article, en plus je regarde The CowSpiracy ce soir, j’en saurai encore plus!

Mais ce que veut mettre en avant Brother Vellies, comme beaucoup de marques en ce moment, c’est que le cuir peut être biodégradable à condition d’être tanné avec des végétaux. Le tannage est l’opération indispensable qui rend les peaux animales imputrescibles grâce soit à des écorces de végétaux qui contiennent des tanins et qui tannent la peau pendant plusieurs semaines, soit grâce à une recette chimique de minéraux, acide, etc… et qui prend quelques jours. Donc oui chez Brother Vellies on utilise le tannage végétal et même des teintures végétales pour le cuir et les tissus, donc les matières de la tige sont biodégradable.

Vegetable dying - iron modifier - from A curious work

Vegetable dying – iron modifier – from A curious work

Mais encore faudrait-il que toute la chaussure soit biodégradable (car il reste la gomme des semelles des sandales,…). C’est l’innovation de la marque hollandaise de basket OATS, qui non seulement vous promets que si vous enfouissez votre paire dans du terreau elle se décomposera à plus de 90% mais aussi que des fleurs pousseront grâce à elle (et aux petites graines qu’ils encapsulent dans la languette 😉 )

OAT- Shoes that bloom

OAT- Shoes that bloom

Et sinon pourquoi ne pas rester dans un cycle fermé, ou le cuir et le caoutchouc seraient recyclés, et aurait un nouveau corps?

Et si on renvoyait les semelles comme dans le programme de Nike Reuse-a-shoe , où les chaussures récupérées servent à produire le Nike Grind, matériau utilisé comme revêtement d’aires de jeux et de terrains de sport. Grâce à cette initiative 1.5 millions de paires de chaussures sont recyclées chaque année.

Bon aujourd’hui mon idée ne marche pas pour Brother Vellies car Nike ne peuvent traiter que les chaussures de sport, mais presque!

Nike grind - Kusunoki park

Nike grind – Kusunoki park

 

Sinon offrons une nouvelle jeunesse au cuir. Un recyclage en meuble, qui à l’aspect des couvertures de livres marbrées, du Terrazzo,… très trendy! C’est l’œuvre du designer Jorge Penades, qui imagine même que ce matériau pourrait servir …. Pour des semelles de chaussures! La boucle du lacet serait bouclée!

Structural Skin - All rights reserved © Copyright 2012-2015 Jorge Penadés

Structural Skin – All rights reserved © Copyright 2012-2015 Jorge Penadés

 

Conclusion : Brother Vellies c’est bien et c’est beau, mais l’impact du cuir est important, alors au moins, ressemelez-les, réparez-les, donnez-les ou recyclez-les aux bons endroits!

 

A bientôt!

Coline

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